`
Attention! Vous lisez actuellement un article écrit il y a au moins 9 mois. L'information pourrait ne plus être pertinente.

Les bourses pour les entreprises en démarrage font-elles de l’âgisme?

Femme de plus de 40 ans

Certaines bourses offertes aux entreprises en démarrage sont réservées aux 18 – 35 ans. Avoir plus de 35 ans serait-il synonyme d’entrepreneur.e.s moins performant.e.s? «Non» répond Anne-Solène Rioult qui vient de lancer une pétition: Mettre fin à «l’âge des bourses» pour le soutien aux entrepreneur.e.s.

Le ministère de l’Économie et de l’Industrie (MEI) du Québec vient de lancer un nouveau programme d’aide aux entrepreneurs, qui offre des bourses d’une valeur maximale de 25 000 $ chacune. Seulement, elles sont réservées aux 18 – 35 ans. C’est ce que dénonce Anne-Solène Rioult, co-fondatrice de Les Facilitatrices, qui propose d’accompagner les entrepreneur.e.s dans leur développement d’affaires. Elle a lancé, dimanche 15 septembre, la pétition: Mettre fin à «l’âge des bourses» pour le soutien aux entrepreneur.e.s.

Dans une entrevue accordée à URelles, elle nous explique: «Je suis contre le fait de mettre un âge à des bourses pour des entrepreneurs. J’accompagne beaucoup d’entrepreneurs en démarrage, notamment des femmes qui, selon mon expérience, partent plus tard en affaire et qui sont exclues de ces programmes d’aide.»

URelles s’est penchée sur la question.

Des aides dédiées aux femmes

Les femmes partent en affaire légèrement plus tard que les hommes. C’est ce que nous dit une étude sur les entrepreneurs et repreneurs québécois de générations X et Y, publiée en décembre 2014, par la Chaire en entrepreneuriat et innovation de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval. L’âge médian au démarrage, à l’achat ou à la reprise d’une entreprise est de 29 ans pour les femmes contre 27 pour les hommes. 

Il existe des programmes d’aide financières réservées aux femmes. Voici quelques exemples. Au Québec, Femmessor propose du financement pour les entreprises à propriété féminine. Pour les femmes qui sont dans les STIM (Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques), la BDC a ouvert un fond capital risque dédié : le fond pour les femmes en technologie. La fondation J. Armand Bombardier offre des bourses de 10 000$ pour la relève entrepreneuriale féminine

Partir en affaire avant 35 ans n’est pas garant de succès

Selon l’Indice Entrepreneurial Québécois, les nouvelles entreprises démarrées par des jeunes ont un taux de fermeture identique à celles démarrées par des moins jeunes. 

L’auteure de la pétition cite une étude américaine Age and High-growth entrepreneurship qui conclut que les entrepreneurs performants sont plutôt dans la quarantaine et plus. Les auteurs ont trouvé que l’âge moyen du fondateur d’une nouvelle entreprise avec une croissance des plus rapide, est de 45 ans.

Démarrer une entreprise avant 35 ans n’est donc pas synonyme de succès. Et les jeunes ne sont pas les seuls à vouloir se lancer en affaire. L’Indice Entrepreneurial Québécois relève que la génération X, c’est-à-dire le groupe des 35 à 49 ans, a un taux d’intention de démarrage d’entreprise qui a triplé entre 2012 et 2018. 

Les organismes proposant des bourses feraient-ils de l’âgisme? 

D’autres aides limitées en âge et justification de l’organisme

La bourse du MEI n’est pas la seule aide limitée à une tranche d’âge. Le gouvernement canadien propose aux 18 – 39 ans le programme Futurpreneur qui offre, en partenariat avec la BDC (Banque Du Canada), du financement à taux avantageux, sans garanti, ainsi que du mentorat et de l’expertise. Interrogée sur ce point, Maryse Gingras, Directrice régionale au Québec, nous précise que Futurpreneur, qui existe depuis 23 ans, a déjà réagi il y a six ans. Ils ont augmenté le critère d’âge pour le reculer de 35 à 39 ans, constatant qu’ainsi ils toucheraient une part plus grande d’entrepreneurs en démarrage. De plus, de nombreux documents ou vidéo sont disponibles gratuitement sur leur site web. 

Montréal Inc propose la Bourse+ pour ceux qui démarrent une entreprise, s’ils sont âgés de 18 à 35 ans. Contacté pour leur demander les raisons d’une telle limitation, l’organisme répond que leurs critères d’âge ont été établis au moment de la création de l’organisation et sont imbriqués avec leur statut d’organisme de bienfaisance. 

Samuelle Fillion, chef des communications de Montréal Inc, réagi pour URElles à la pétition: «Nous sommes bien conscients du caractère restrictif de ces critères, en particulier pour les femmes. D’autant plus que nous avons travaillé très fort, ces derniers mois, pour mettre en place un programme gratuit d’accompagnement pour les femmes entrepreneures, afin de les aider à passer de l’idée à l’action. Nous sommes à la recherche de solutions et voyons d’un bon œil cette initiative. Elle nous fournira des arguments pour convaincre de la nécessité d’appuyer les entrepreneurs en devenir faisant le saut après 35 ans.»

Succès de la pétition et un rendez-vous avec le ministre 

La pétition a connu un franc succès car en 5 jours, le seuil des 500 signatures a été dépassé. Objectif atteint pour Anne Solène Rioult qui a été contactée par le MEI et a rendez-vous avec le ministre Pierre Fitzgibbon le 29 octobre. Elle a l’intention d’attirer son attention sur ces données et demander une répartition des aides plus égalitaire selon elle. « Si des aides sont proposées aux 18-35 ans, pourquoi ne pas en proposer d’autres qui cibleraient les 35 ans et plus? » suggère t-elle.

Voir aussi notre article sur : le co-développement, la solution pour les startups en recherche de financement.

Poster un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.