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Remilia, la première femme à intégrer une équipe professionnelle de League of Legends

Remilia

Pour Remilia, de son vrai nom Maria Creveling, les jeux vidéo ont toujours fait partie intégrante de sa vie. En 2016, à seulement 21 ans, elle devient la première femme à intégrer une équipe professionnelle de League of Legends ET à participer à un tournoi professionnel nord-américain. Son parcours ne m’a pas laissé indifférente et je me rappelle l’avoir suivie de très près lors du tournoi. J’admirais son audace et j’aimais beaucoup la regarder jouer. Je l’ai interviewée via Discord, une plateforme de discussion en ligne à la Skype, afin d’en savoir plus sur son cheminement ainsi que son point de vue dans une industrie qui est encore perçue, et avec raison, comme un boys club.

Pour bien comprendre le contexte actuel, sachez que Riot Games, la compagnie derrière le jeu League of Legends, est dans l’embarras depuis quelques mois déjà, suite à plusieurs témoignages de femmes soulignant le sexisme non-déguisé de l’entreprise. Tout est parti du témoignage d’une employée. Elle raconte avoir soumis une idée lors d’une réunion de travail qui s’est faite totalement ignorer par ses collègues. Elle propose alors à un collègue de soumettre la même idée, quelques jours plus tard, et d’observer les réactions. Sans surprise, elle est accueillie avec entrain et personne ne se rappelle qu’elle a été verbalisée auparavant. Après la sortie du premier témoignage, ce sont 28 autres femmes qui ont porté plainte contre l’entreprise et 150 employé.es qui ont refusé de travailler jusqu’à ce que des mesures soient mises en place. Le studio a fait plusieurs promesses, mais elles tardent toutefois à être appliquées.

Naomie Marleau: Quand as-tu commencé à jouer à des jeux vidéo?
Maria Creveling:
J’ai commencé à jouer très jeune à un jeu multijoueur qui s’appelle Guns and Duo. Je me suis fait plusieurs amis au fil du temps, puis lorsque le jeu est devenu dépassé, nous avons découvert League of Legends et c’est là où tout a débuté.

Naomie Marleau: Et à quel moment tu t’es dit que tu voulais monter au niveau professionnel?
Maria Creveling:
Je regardais une équipe nord-américaine aller à un tournoi international de League of Legends en 2015, et je me rappelle avoir été très impressionnée. Je me suis dit qu’ils allaient définitivement remporter le tournoi. Tristement, nous ne nous sommes pas rendus très loin, mais je voyais l’enthousiasme de la foule et les gens encourager leurs joueurs préférés. C’est à ce moment que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire. Je voulais être sur cette scène et jouer!

Naomie Marleau: Quel était le sentiment que tu as ressenti lorsque tu as officiellement été la première femme à jouer professionnellement dans un tournoi nord-américain majeur?
Maria Creveling:
À ce moment, j’étais dans une mauvaise passe au niveau personnel. je n’étais pas à une bonne place dans ma vie. Mon but unique était de jouer. Je ne pensais pas vraiment à quel rôle je pouvais avoir, ni l’impact de ma présence sur scène. C’est quelque chose que je regrette aujourd’hui et que j’aurais dû mieux apprécier, mais je suis tout de même heureuse que ça ait touché de nombreuses personnes.
Encore aujourd’hui, des gens m’écrivent à ce sujet et je m’efforce d’être une meilleure modèle afin d’encourager les jeunes filles à continuer d’essayer. Je veux qu’elles sachent que si devenir pro est leur rêve, elles en sont définitivement capables.

Naomie Marleau: Suite aux témoignages de nombreuses femmes dénonçant l’environnement toxique dans lequel elles travaillaient à Riot Games, crois-tu que des changements seront apportés et quel sera l’impact sur les industries du jeu vidéo?
Maria Creveling:
Je suis définitivement heureuse de savoir qu’il y a une réaction positive suite à cette controverse et que les gens prennent conscience du sexisme encore très présent dans cette industrie. Ce qui me déçoit cependant, c’est de voir que malgré les choses qu’ils promettaient de mettre en place, aucune action concrète n’a vraiment été prise. Ça donne l’impression que c’était seulement des paroles en l’air. Cette industrie n’a pas un très bon historique avec les femmes, mais il y a définitivement beaucoup de gens qui essaient de faire bouger les choses de l’intérieur. En Chine et en Corée du Sud, de plus en plus de filles s’investissent et veulent devenir pro. C’est très encourageant. De plus, je joue présentement pour une équipe au Brésil et ils sont très ouverts aux équipes mixtes. Je crois définitivement que ça va dans la bonne direction.

Naomie Marleau: Quels conseils donnerais-tu à une fille qui souhaite devenir joueuse professionnelle?
Maria Creveling:
Les équipes ne peuvent résister aux bons joueurs. Il ne faut surtout pas se laisser décourager par les stéréotypes et les commentaires car il y aura toujours des personnes qui critiqueront. Si tu es bonne, tu trouveras une équipe. Si tu subis du harcèlement, dis-toi seulement que ces gens ne méritent pas ton attention et que si tu y mets toute ta volonté et que tu travailles pour tes objectifs, tu trouveras le succès.

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