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Maxime Leggett-Tremblay, la première entraîneure de performance en Esport du Québec

J’ai rencontré Maxe -c’est comme ça qu’elle aime être appelée- la veille de l’ouverture de la nouvelle académie de Esport de Montréal. Les jeux vidéo et l’être humain ont toujours été une passion pour Maxime Leggett-Tremblay mais elle ne pensait pas que la combinaison des deux pouvait devenir son métier. Elle est maintenant entraîneure de performance pour le Montreal Esport Academy. Elle s’est jointe à la petite équipe il y a plus d’un an afin de réaliser un défi de taille: inclure les jeux vidéo dans un modèle éducatif. Elle nous raconte son parcours et nous donne un aperçu de son quotidien dans une industrie où la femme est peu présente.

Naomie Marleau: D’où vient ta passion pour les jeux vidéo?
Maxime Leggett-Tremblay: J’ai grandi avec les jeux vidéo. Je me levais la fin de semaine à 7h du matin pour jouer à Zelda avec mon petit frère. Je ne me tenais pas du tout avec les filles quand j’étais plus jeune, je passais mon temps à jouer avec les gars. On faisait du sport ou on jouait. Ça a vraiment forgé mon enfance. En grandissant, c’est resté une passion.

Naomie Marleau: Comment t’es-tu retrouvé à travailler pour l’académie?
Maxime Leggett-Tremblay: En 2010, j’ai commencé des études en design de jeux vidéo. J’ai travaillé dans ce domaine pendant quelques années, puis je me suis un peu lassée. C’est à cette époque que j’ai découvert la plateforme Twitch. J’ai réalisé que je pouvais faire un métier qui combine les deux choses que j’aime le plus au monde! À partir de ce moment-là, je me suis mise à cumuler plusieurs expériences professionnelles dans ce domaine: du streaming, du journalisme, de l’organisation d’événements un peu partout au Québec, etc. Puis je suis arrivée à l’académie.

Naomie Marleau: Qu’est-ce que la Montreal Esport Academy?
Maxime Leggett-Tremblay: C’est le même principe qu’un programme de sports-études. Les jeunes vont à l’école l’avant-midi et arrivent à l’académie pour l’après-midi. Le programme est divisé en six modules avec des entraîneurs spécialisés. Les élèves font deux heures de jeu, deux heures de théorie et au moins trente minutes d’exercice par jour. On a aussi monté une salle de classe un peu atypique pour laquelle j’ai fait énormément de recherches en ergonomie. Je voulais comprendre comment l’espace et la lumière ont un impact sur l’apprentissage, afin d’offrir ce qu’il y a de mieux pour eux. Ce programme est offert aux jeunes de 12 à 17 ans (école secondaire) et on a aussi des camps de jour!

«Notre idée, ce n’est pas de tous les former pour qu’ils deviennent des joueurs pros, mais de leur faire voir toutes les possibilités de carrières autour des jeux vidéo.» – Maxime Leggett-Tremblay, entraîneure de performance

Naomie Marleau: Tu mentionnes avoir reçu plus d’inscriptions que prévu (bravo!). Quelle est la répartition filles/garçons?
Maxime Leggett-Tremblay: Malheureusement, nous n’avons eu aucune d’inscriptions de filles. Nous n’avons pas non plus créé de campagnes marketing pour elles et on aurait eu besoin de le faire.

Naomie Marleau: Es-tu la seule femme parmi les employés?
Maxime Leggett-Tremblay: Oui! Vous m’avez contacté pour réaliser cette entrevue au bon moment! C’est tout récemment que j’ai commencé à me questionner sur ma place et mon cheminement dans un monde de gars.

J’ai toujours été la fille qui lève les yeux quand on parle de féminisme dans les jeux vidéo, car j’avais de la difficulté à me mettre dans la peau des filles qui vivaient du sexisme. Je ne l’ai pas vécu de cette façon. En grandissant avec des gars, lorsque je me faisais passer des commentaires, je me disais que c’était parce que j’étais un ‘’gars de la gang’’ et que ça n’avait rien à voir avec le fait que je sois une fille. Pour moi, ça ne changeait rien le fait d’être une fille.

C’est lorsque j’ai dû faire des recherches et des analyses afin d’enseigner et de bâtir le cursus scolaire que je me suis rendue compte que ce n’est pas pareil de jouer aux jeux vidéo avec des gars et travailler sur des jeux vidéo avec des gars.

Naomie Marleau: Que dirais-tu à une jeune fille qui s’inscrit dans votre programme?
Maxime Leggett-Tremblay: Malheureusement, il existe d’emblée plusieurs stéréotypes sur les filles qui jouent à des jeux vidéo, comme le fait qu’elles sont moins performantes que les garçons ou qu’elles n’ont pas vraiment leur place dans le monde du gaming. C’est une réalité, et je veux qu’elles en soient conscientes. Je veux aussi leur dire qu’il se peut qu’elles reçoivent des commentaires sexistes, et que bien souvent ce n’est pas volontaire. Il ne faut pas qu’elles le prennent personnel. Elles doivent éduquer les personnes qui émettent ce genre de commentaires. Il y a définitivement beaucoup de chemin à faire et je crois fermement que ça commence par l’éducation. Heureusement, c’est mon domaine! [Rires]

Académie esport Montréal

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