Utiliser le pronom «elle» et l’identité féminine?
Bienvenue à «Est-ce que ça se dit?», une nouvelle chronique mensuelle où URelles répond aux questions liées au langage inclusif. Vous avez une question pour nous? Écrivez à info@urelles.com et nous vous répondrons. Votre identité ne sera pas dévoilée.
****
«Lorsqu’une personne s’identifie au pronom “elle”, son identité de genre est-elle nécessairement celle de “femme” et pouvons-nous dès lors dire “salut les filles”?»
Le rôle du pronom
Pour répondre à cette question, il importe tout d’abord de se rappeler le rôle du pronom, ce court mot qui permet de remplacer le nom d’une personne lorsqu’on parle d’elle. Celui-ci s’accorde généralement avec le genre de quelqu’un, mais il faut éviter de présumer des pronoms utilisés par la personne. On évite de se baser uniquement sur son expression de genre (soit la manière dont elle se présente à travers ses vêtements et ses cheveux par exemple) ou sur la manière dont on la perçoit, ou de présumer de son identité de genre en se basant uniquement sur les pronoms utilisés.
Pronom ≠ genre
Une personne s’identifie à un genre et utilise certains pronoms et accords. Utiliser le pronom «elle» ne veut donc pas dire que la personne s’identifie comme femme pour autant. Certaines personnes non-binaires, par exemple, vont utiliser they/them en anglais, mais opter pour le «il» ou le «elle», en français, par souci de simplicité. Une personne peut aussi avoir plus d’un pronom ou utiliser un pronom non-binaire tel que «iel». Ainsi, si son genre est fluide ou encore non-binaire, elle pourrait opter pour une alternance entre différents pronoms.
De plus, on oublie souvent de s’intéresser aux accords, c’est-à-dire à la manière dont les adjectifs seront genrés, pourtant essentiels en français. Le pronom «iel» ne signifie pas automatiquement des accords neutres. Une personne pourrait utiliser le pronom «iel» avec des accords neutres (des adjectifs épicènes tels que «habile», «brave» ou «calme», des doublets tronqués comme «content·e», «gentil·le», etc.), avec des accords féminins, ou avec une alternance d’accords masculins et féminins. C’est aussi vrai avec les pronoms «il» et «elle».
Comment savoir?
Lorsqu’on ne connaît pas les pronoms et accords employés par une personne, il est toujours préférable de les lui demander, tout simplement. Le truc est de se référer à la manière dont la personne parle d’elle-même et aux mots qu’elle utilise pour s’identifier. Vous pouvez également mentionner vos pronoms et accords afin d’ouvrir la discussion et inviter l’autre à répondre en mentionnant les siens, plutôt que de laisser le fardeau à l’autre personne d’évaluer si elle peut se dévoiler sans risque.
En a-t-on vraiment besoin?
Enfin, bien que les expressions telles que «Salut les filles !», en s’adressant à un groupe, puissent être affirmatives, c’est-à-dire qu’elles permettent de se sentir validé·e et représenté·e, pour une personne qui s’y identifie et qui est englobée dans cette appellation, un appel à la vigilance est nécessaire. Quel est le besoin réel de poser un terme genré ici? En outre, un terme comme «les filles» est habituellement utilisé pour parler d’enfants ou de personnes plus jeunes plutôt que d’adultes. Il est possible que cette salutation, si elle provient d’une personne en autorité par exemple, puisse être reçue comme étant condescendante. Nous recommandons d’éviter l’ajout de «les filles» à des salutations qui pourraient être simplement «Salut!» ou utiliser une expression supposant la mixité du groupe tel que «Salut tout le monde!». Nous avons l’habitude de genrer, mais notre réel besoin est de saluer un groupe de personnes qui saura se reconnaître lorsque salué, peu importe l’identité de genre des personnes qui le composent.
Bref, l’identité de genre d’une personne ne peut être présumée ou devinée. L’utilisation des bons pronoms, accords et autres marqueurs de genre est une manière de respecter l’identité de chaque personne. On se demandait dans cet article si l’on pouvait d’emblée associer le pronom «elle» et l’identité de genre féminine. La réponse est donc non puisque le genre est fluide et plus nuancé qu’une binarité homme-femme. Lorsqu’il en vient à l’élément de la question concernant la salutation d’un groupe, il est nécessaire d’éviter de présumer l’identité de genre des personnes qui composent le groupe à moins de la connaître pour chacune. Des termes aussi binaires que «les gars» et «les filles» ne sont pas inclusifs d’une multitude d’identités de genre et ce, bien que l’expression de genre des personnes concernées puisse sembler typiquement masculine ou féminine.
Avez-vous remarqué que ce texte a été rédigé de manière inclusive? Était-il plus lourd ou difficile à lire? Votre cerveau ne l’a peut-être même pas noté et vous vous disiez que c’était bien agréable à lire (merci!). Vous a-t-on convaincu de faire de même la prochaine fois?
Si vous ne savez pas comment procéder, URelles offre une formation sur la rédaction inclusive. Contactez-nous!
- Est-ce que ça se dit «personne grosse»? - 21 août 2023
- Utiliser le pronom «elle» et l’identité féminine? - 29 mai 2023
- Pre&ent : rendre vos communications inclusives - 18 mai 2023