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Pre&ent : rendre vos communications inclusives

Communications inclusives avec Pre&ent

Ingrid Enriquez-Donissaint et Laurence Pasteels, deux professionnelles du milieu créatif et des communications veulent apporter leur contribution pour bâtir une société canadienne plus inclusive. Rencontre avec deux femmes déterminées à changer les choses.

Laurence a plus de 50 ans, maman et immigrée dont le parcours atypique lui a permis de bâtir son identité et ses valeurs. Ingrid, quant à elle, est née au Québec, montréalaise d’héritage haïtien qui a évolué dans un quartier multiculturel où l’entraide était un pilier important.

Elles sont les co-fondatrices de l’entreprise Pre&ent, un projet né de leurs expériences et de leurs constats: le domaine de la communication et du marketing manquent de représentativité. Il faut donner plus de visibilité à toutes celles et ceux qui n’en ont moins.

La façon dont elles s’y prennent? Mettre à la disposition des organisations une banque d’images à télécharger représentant la diversité, ainsi que donner des ateliers pour aider le milieu des communications à développer sa culture inclusive.

URelles: Quelle est votre vision de la représentativité dans la société canadienne?

Laurence : Il y a un terreau fertile de diversité au Canada mais les liens sont à tisser. Il y a encore beaucoup de réparations à faire, autant avec les peuples Autochtones, qu’avec les nouveaux arrivant·es et d’autres communautés. Au départ du projet, on souhaitait dresser un portrait plus juste et plus large de la société. On voulait montrer comment elle était différente et riche selon les régions, au pays.

Ingrid : J’observe qu’il y a plein de lacunes dans différentes sphères et ça me fait me questionner: Pourquoi la caméra est toujours dirigée dans la même direction? Comment donner une place à tout le monde en déplaçant un peu l’objectif? Il y a tant de personnes ou de communautés (au sens large) à découvrir, comprendre, raconter. À l’ère de ponts numériques si nombreux, il existe un décalage entre ce qu’on voit dans la vraie vie, dans les médias et en publicité. Plus on expose les différents points de vues, plus on met de l’avant une vraie image de la société canadienne et pour moi, c’est ça la représentativité.

URelles : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Pre&ent? À quel besoin répond-t-il?

Ingrid : D’abord du point de vue humain : c’est vraiment le plaisir d’écouter et d’entendre des gens parler de leurs expériences, de leurs points de vue. C’est également la volonté de donner la voix à celles et ceux qu’on a pas l’habitude d’entendre. Également, du point de vue professionnel : un jour, j’ai travaillé avec une cliente qui m’a dit que sa direction n’était pas encore prête à afficher un couple noir ou métissé dans ses campagnes publicitaires. Si cette cliente avait été outillée pour développer une vision plus inclusive, peut-être qu’elle aurait proposé cette idée à l’équipe de direction plutôt que de la refuser dès le départ.

L’origine de ce projet provient de la volonté de déjouer la réalité parce que nous avons tous et toutes des visions différentes et des œillères qui nous limitent. Par exemple, lorsqu’une jeune femme ou un jeune homme ne se trouve pas assez belle·beau à cause des diktats de beauté mais aussi car iel ne se voit pas représenté·e du tout, c’est inquiétant. La représentativité aide à s‘ancrer et à s’épanouir et doit être accessible pour tous·tes.

Laurence : C’est Ingrid qui est venue me proposer ce magnifique projet. J’étais émue car je ne ne me voyais pas entreprendre un projet de cette ampleur toute seule. Pour moi, c’est une chance de pouvoir collaborer et transmettre de nouveaux outils aux organisations. C’est une occasion de voir le monde différemment, une manière d’avoir un autre angle de vue sur la société.

URelles : Comment accompagnez-vous les PME à avoir des communications inclusives?

Ingrid : On vise à transmettre les outils et l’approche aux entreprises qui désirent se remettre en question en matière de communication-marketing et de création. Cela prend un engagement d’abord, et de la part de l’équipe de direction mais ultimement de toutes les sphères de l’organisation.

À travers la banque d’images inclusives achetables sur commande, nous permettons aux entreprises de poser un geste fort pour favoriser la représentativité.

URelles : Vous offrez également des ateliers en entreprise. À qui s’adressent-ils et quels sont leurs objectifs?

Laurence : Les ateliers sont ciblés sur les équipes de communication, marketing, média et création : créatif·ves, stratèges, marketeur·ses, service-conseil, production, en résumé, celles et ceux qui préparent les briefs. Toutes ces personnes qui sont à même de produire des éléments qui représentent leur entreprise et/ou leurs produits. L’objectif est de leur donner des outils pour parler aux client·es et savoir comment parler des communications inclusives.

Nous les accompagnons à se questionner sur leurs biais inconscients et les raccourcis que notre cerveau prend.

URelles : Selon vous, pour quelle raison manque-t-il de diversité au sein des organisations?

Ingrid : Je peux commencer en disant : par manque de temps, une mauvaise compréhension de ce que les entreprises ont à y gagner, ainsi que la croyance que c’est trop compliqué. La pandémie a mis les entreprises face à leurs responsabilités.

L’inclusion et la représentativité sont souvent vues comme des causes sociales uniquement et pourtant on sait qu’une organisation augmente son profit à chaque fois qu’une femme est engagée dans son équipe, par exemple. De plus en plus d’entreprises récoltent des données pour suivre l’impact économique à intégrer plus de diversité.

URelles : Que faut-il aux équipes de communications/entreprises pour être plus inclusives?

Laurence : La volonté, de la part de la direction, de vouloir changer les choses. Cette démarche doit s’ancrer dans l’ADN de l’entreprise. Cela doit être sincère et non pas un simple effet de mode. Ce qui manque est une vision unifiée, que cela ne soit pas uniquement présent dans les ressources humaines, mais également dans les communications, en création, en production, etc. Il faut également s’en donner les moyens. On voudra donc avoir un budget, donner des formations et fournir des outils, et enfin se doter d’un plan sur le long terme.

URelles : Quels conseils souhaitez-vous transmettre aux PME pour avoir des communications inclusives?

Ingrid : Ça prend du courage! Essayer d’être plus représentatif·ve est une quête constante. Essayer d’être le reflet d’une société est le travail d’une vie. C’est cultiver la curiosité envers l’autre, au quotidien. La conversation ne doit pas s’arrêter.

Laurence : Il ne faut pas avoir peur d’aller vers les autres, de poser des questions, de dire qu’on ne sait pas.

URelles : Avez-vous des exemples d’entreprises qui ont développé des initiatives pour favoriser la représentativité?

Ingrid : J’aime parler de Sid Lee et de Radio Canada : Sid Lee a mis en place une stratégie où chacun·e peut progresser à son rythme de compréhension de ce qu’est l’inclusion. Radio Canada a mis en place des initiatives intéressantes. Par exemple, proposer aux employé·es sous représenté·es, un accompagnement pour favoriser leur développement tant personnel et que professionnel.

URelles : Pour quand est prévu le lancement de Pre&ent?

Ingrid et Laurence : D’ici juin 2023!

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