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« On ne peut plus rien dire! » : En fait, on en dit beaucoup plus qu’avant


On ne peut plus rien dire

Photo de Marek Studzinski sur Unsplash

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Une phrase qu’on entend de plus en plus ces derniers temps: « On ne peut plus rien dire! ». Ce sentiment reflète souvent la perception que certaines opinions sont restreintes dans un monde où les enjeux sociaux sont de plus en plus discutés. Mais si l’on regarde de plus près, on se rend compte qu’au contraire, nous abordons des sujets autrefois tabous avec une ouverture nouvelle. Parler d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI), ainsi que d’autres sujets sociaux, comme la santé mentale ou les discriminations systémiques, fait maintenant partie intégrante de nos conversations publiques.

La dé-tabouisation de la santé mentale

En effet, si on prend pour exemple la santé mentale, longtemps stigmatisée, elle est aujourd’hui un sujet que l’on aborde beaucoup plus librement. Au Canada, les recherches et les initiatives autour de la santé mentale ont explosé: depuis les années 2000, les campagnes de sensibilisation, telles que la journée Bell Cause pour la cause, témoignent de cette transformation. 

Ces démarches ont maintenant gagné en popularité, suscitant des discussions dans la sphère privée et professionnelle. D’ailleurs, de plus en plus d’entreprises offrent maintenant des programmes d’aide aux employé·es qui couvrent en profondeur l’aspect santé mentale, et non pas seulement physique.

La vague #Metoo

#MeToo a fait les gros titres au niveau international, incitant des femmes du monde entier à partager publiquement leurs expériences d’agression sexuelle ou de harcèlement. Ce mouvement s’est reproduit en plusieurs vagues et dans plusieurs pays et industries au fil des années, et nous n’en avons probablement pas vu la fin encore!

Le mouvement #MeToo a été qualifié de moment décisif pour l’avancement de l’égalité des genres, en donnant une puissante plateforme aux femmes et en démontrant l’ampleur des agressions sexuelles et du harcèlement dans la société. Plusieurs acteur·trices canadien·nes de premier plan ont alors parlé publiquement de leurs expériences d’agression sexuelle ou de harcèlement dans l’industrie du divertissement. Le mouvement #MeToo a également incité des femmes de tout le Canada à partager leurs expériences dans une multitude de domaines, notamment : la politique, le théâtre, le journalisme, la musique, la comédie, le sport, la gastronomie, ainsi que l’industrie du transport aérien.

Le 2 décembre 2017, des centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre-ville de Toronto pour la marche #MeToo. Les participant·es ont appelé à un changement significatif des comportements qui entourent les agressions sexuelles et le harcèlement, et ont plaidé en faveur de l’amélioration des services pour les survivants de violences sexuelles. Aurait-on vu cela il y a plusieurs décennies avant? Non, parce qu’on n’en disait pas autant!

Black Lives Matter et la discrimination systémique au Canada

Black Lives Matter (#BlackLivesMatter) a également commencé comme un mot‐clic qui s’est rapidement transformé en un mouvement social nord-américain. 

Ce mouvement a cherché à améliorer les conditions de vie des populations noires au Canada, y compris celles qui sont sans-papiers, queers, trans et en situation de handicap. Leur lutte est, et a toujours été inclusive et intersectionnelle. 

L’impact des discussions qui ont découlé du mouvement BLM au cours de la dernière décennie est énorme:

  • En 2022, la commissaire sur le racisme systémique du Nouveau‐Brunswick a publié un rapport contenant 86 recommandations pour lutter contre le racisme systémique dans les domaines de la santé, de l’éducation et d’autres secteurs politiques.
  • Au Québec, le rapport de la coroner sur la mort de Joyce Echaquan, une Atikamekw qui a enregistré les insultes racistes du personnel soignant d’un hôpital québécois, condamne le racisme systémique dans les soins de santé.
  • En Colombie‐Britannique, la Loi sur les données contre le racisme est entrée en vigueur en juin 2022, permettant au gouvernement provincial de collecter et d’utiliser des données ventilées par race afin de repérer et d’éliminer le racisme systémique.
  • Le ministère de la Justice a lancé la Stratégie canadienne en matière de justice pour les personnes noires afin de lutter contre le racisme antinoir au sein du système de justice pénale et de garantir à chaque personne l’accès à un traitement égal devant et en vertu de la loi.

En bref, les gouvernements de tout le pays commencent à reconnaître le racisme systémique et à élaborer des stratégies pour le combattre. Tout ça pour quoi? Parce qu’on en dit beaucoup plus qu’avant!

Les réseaux sociaux, un tremplin pour la diversité des voix

La multiplication et la facilité d’accès des réseaux sociaux permettent une véritable démocratisation des discours. Aujourd’hui, chacun·e peut partager son expérience et exprimer son opinion. Cette explosion des voix contribue à sensibiliser et à éduquer, mais aussi à remettre en question les idées reçues. Ainsi, des conversations autour du racisme, de la discrimination, et des droits des minorités sexuelles et de genre se déroulent publiquement, sous les yeux de tous. Ce phénomène, qui n’aurait été possible dans l’espace public traditionnel, donne aujourd’hui une voix à ceux et celles qui n’en avaient pas eu la chance avant. 

De plus, selon le lieu d’habitation, le pays et les ressources disponibles, il n’est pas toujours facile de pouvoir trouver des espaces et des personnes qui nous ressemblent. Les médias sociaux facilitent la recherche et la création de communautés partageant les mêmes expériences ou aspirations, offrant un soutien et un sentiment d’appartenance essentiels pour de nombreuses personnes. 

On ne peut plus rien dire: une perception de censure qui contraste avec l’évolution des débats publics

Lorsque des gens s’exclament « On ne peut plus rien dire! », cela reflète parfois un inconfort face à l’évolution des normes sociales. Autrefois, certains propos passaient sans contestation, mais aujourd’hui, une prise de conscience collective permet d’identifier les préjugés ou les stéréotypes bien plus rapidement. Bien que certaines opinions soient contestées, ce débat public est essentiel pour que la société évolue. En d’autres mots, loin d’être muselée, la société actuelle permet des dialogues plus nombreux et plus nuancés.

Il ne s’agit donc pas de dire moins, mais de dire mieux.

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