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Le recul des entreprises envers l’EDI : une perception exagérée?


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Photo de 愚木混株 cdd20 sur Unsplash 

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Face à la polarisation du débat sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) aux États-Unis, de nombreuses entreprises québécoises et canadiennes s’inquiètent d’un potentiel recul des engagements en la matière de notre côté de la frontière. Pourtant, les données récentes montrent que si certaines organisations ajustent leurs stratégies, la tendance générale demeure à la consolidation, voire à la croissance des initiatives EDI. Analysons les données ensemble!

 

Les entreprises maintiennent leur engagement

En Colombie-Britannique, les plus grandes entreprises, notamment Telus Corp et Teck Resources Ltd., réaffirment leur engagement envers l’EDI. « Notre engagement en faveur de l’EDI est la pierre angulaire de notre culture depuis plus de 25 ans, c’est pourquoi nous ne prévoyons pas de modifier nos politiques en la matière », déclare Telus Corp en janvier 2025. Cet attachement aux principes d’inclusion n’est pas un cas isolé: une enquête de janvier 2025 aux États-Unis révèle que sept entreprises sur huit prévoient de maintenir ou augmenter leur budget EDI en 2025.


D’ailleurs, saviez-vous que, lorsque Walmart a déclaré qu’elle ne renouvellerait pas certains engagements et certaines initiatives EDI, créant une onde de choc, des dizaines d’actionnaires représentant 266 milliards de dollars d’actifs ont envoyé une lettre à Walmart, lui demandant d’expliquer et de justifier son recul par rapport aux initiatives EDI?

 

Un soutien réel des travailleurs et travailleuses

78% des employé·es américain·es n’envisageraient pas de travailler pour une entreprise qui n’engage pas de ressources significatives pour prioriser les initiatives EDI. Toujours aux États-Unis, une étude réalisée à l’été 2024 souligne que 58% des travailleur·euses considèrent que leur entreprise investit le bon niveau d’efforts dans l’EDI, tandis que 21% estiment que ces initiatives devraient être renforcées. De plus, une majorité significative de salarié·es, notamment les femmes et les personnes racisées, indiquent qu’elles ne travailleraient pas pour une entreprise qui n’accorde pas d’importance à l’EDI.


Toujours selon la même étude, l’opinion sur ces initiatives varie également selon les groupes d’âge: les millénariaux sont les plus favorables, avec 52 % estimant que leur entreprise consacre un bon niveau d’efforts à l’EDI et 32% jugeant ces efforts insuffisants. La génération X suit avec 57% et 22%, tandis que les baby-boomers sont les plus satisfaits, à 63% et 12% respectivement.

 

L’EDI, un marché en expansion

L’argument économique est également à prendre en compte. Selon Business Wire, le marché mondial de l’EDI était estimé à 9,4 milliards de dollars en 2022 et devrait atteindre 24,4 milliards de dollars d’ici 2030, avec un taux de croissance annuel composé de 12,6%. Plutôt qu’un effondrement des efforts en la matière, cette projection suggère une expansion continue des investissements.

Également, comme mentionné plus tôt, 65% des entreprises prévoient de maintenir leur financement de l’EDI et 22% prévoient de l’augmenter en 2025. Même parmi les entreprises qui réduisent leurs budgets EDI, seuls 11% envisagent de supprimer complètement ces initiatives en 2025. Un petit 8% d’entre elles prévoient que leurs programmes d’EDI pourraient être supprimés au cours des quatre prochaines années.

 

Les programmes de diversité des fournisseurs ont la côte

Par ailleurs, le 20 janvier 2025, l’administration Trump a soutenu que les initiatives EDI, telles que les contrats réservés aux petits fournisseurs et aux fournisseurs diversifiés, constituent un « gaspillage public » et nuisent à la performance du gouvernement fédéral.

Les données disponibles sur près de 40 000 contrats de construction fédéraux Américains entre 2011 et 2022 montrent que les fournisseurs issus de la diversité et de petites entreprises ne causent pas plus de dépassements de coûts ni de retards significatifs par rapport aux grands fournisseurs. En fait, lorsqu’ils remportent des contrats via des programmes réservés, leur performance est même supérieure: 2,7 % moins de dépassements de coûts et 2,1 % moins de retards que lorsqu’ils obtiennent un contrat en compétition ouverte.

De plus, ces fournisseurs performent mieux que les grandes entreprises ayant remporté leurs contrats en compétition ouverte, avec 2,6 % moins de dépassements de coûts et 4 % moins de retards. Ces résultats s’expliquent en partie par une concurrence accrue dans les appels d’offres réservés, qui attire plus de soumissionnaires et permet d’obtenir une meilleure valeur, ainsi que par une sélection préalable rigoureuse des fournisseurs qualifiés.

Ces conclusions renforcent donc l’argument selon lequel la diversité des fournisseurs n’est pas un frein à la performance, mais un atout économique. Les grandes entreprises qui investissent dans la diversité de leurs fournisseurs, à l’instar de UPS ou Starbucks, améliorent non seulement leur réputation, mais aussi leur efficacité opérationnelle.

 

Une adaptation, mais pas un abandon

Selon une récente étude, 53% des entreprises américaines ont ajusté leur terminologie EDI à la fois en interne et en externe au cours de l’année écoulée et 20% envisagent de procéder à des changements similaires. Or, même si certaines entreprises modifient leur approche, notamment en ajustant leur terminologie vers des concepts plus larges, comme « inclusion » ou « appartenance », elles ne renoncent pas à leurs objectifs pour autant. En effet, seuls 9% des cadres américains prévoient de réduire la communication externe sur l’EDI et seulement 3% envisagent de le faire en interne.

 

Une tendance confirmée par les chiffres

La perception d’un recul des initiatives en matière d’EDI n’est pas nouvelle et trouve ses origines aux États-Unis bien avant 2025. Les contestations juridiques et la montée d’un discours critique envers ces initiatives ont commencé à gagner du terrain depuis plusieurs années, notamment après certaines décisions judiciaires et débats publics. Bien que cette réalité soit discutée depuis plusieurs années chez nos voisins du sud, ce n’est que récemment que le sujet a pris de l’ampleur au Québec, amplifié par les échos médiatiques et certaines réactions d’entreprises. 

Les États-Unis ayant cette discussion depuis un certain temps, Paradigm, une firme américaine spécialisée en EDI a comparé les résultats de leur ensemble de données de 2023, qui comprenait 143 organisations, à leurs données de 2024. Elle a constaté qu’en 2024, les efforts globaux des organisations en matière d’EDI ont augmenté par rapport aux années précédentes :

60% des entreprises interrogées ont une stratégie EDI – une augmentation de 9 points par rapport à 2023.

66% disposent d’un budget EDI – une augmentation de 12 points par rapport à 2023.

73% ont un engagement en faveur de l’EDI intégré dans les valeurs de leur entreprise – presque inchangé par rapport à 2023 (72%).

40% ont un haut dirigeant entièrement dédié à l’EDI, contre 27 % en 2023.

63% ont des partenariats avec des organisations axées sur l’EDI (par exemple, celles qui soutiennent les femmes, les groupes raciaux/ethniques sous-représentés et la communauté LGBTQ+), contre 54% en 2023.

 

En conclusion

Loin d’un effondrement de l’EDI, les données indiquent plutôt une période de réajustement et de consolidation. Si certaines entreprises réduisent ou adaptent leurs stratégies sous la pression politique, la grande majorité maintient ou renforce son engagement. L’EDI reste un enjeu essentiel pour les employés, les actionnaires et la performance des entreprises, faisant de sa pérennisation une tendance inéluctable.


Cet article sera mis à jour en continu en fonction des nouvelles données disponibles. Si vous avez des chiffres pertinents à nous partager, n’hésitez pas à nous les envoyer avec vos sources à info@urelles.com.

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