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[La techie du mardi] De stagiaire en marketing à designer UX, portrait de Marie-Philipe Boucher

Marie-Philipe BoucherComment la confiance en soi, le courage et la passion mènent au succès.

Marie-Philipe Boucher est une designer UX Montréalaise. Elle est la preuve qu’un changement de carrière peut être une chose merveilleuse. Elle travaille actuellement pour la Banque Nationale du Canada, après avoir longtemps cherché comment vivre de sa créativité. Elle nous raconte comment transformer une passion en carrière.

Comme beaucoup d’entre nous travaillant en technologie, la première incursion de Marie-Philipe dans son métier actuel est tout sauf facile. Un de ses mentors lui dit: « Je ne te vois pas faire carrière dans ce domaine ». «Ça a été dur à entendre», raconte-t-elle. Elle a toujours été une personne créative, mais comme trop de jeunes filles, Marie-Philipe ne se voyait pas choisir la technologie comme carrière. Elle a pourtant eu de nombreuses envies: enseignante, optométriste, et même architecte! Mais la techno n’est entrée dans sa vie que beaucoup plus tard.

Marie-Philipe est encore une adolescente lorsqu’Internet arrive à la maison. «Je me souviens avoir construit ma propre page Web et y avoir ajouté de la musique de fond, des animations, des vidéoclips et des petites animations brillantes. On pouvait avoir son propre espace personnel en ligne!» Un rêve pour la fille de 13 ans qu’elle est. Un journal en ligne pour héberger ses pensées et ses sentiments, un endroit où s’exprimer et échapper à la monotonie de l’adolescence. On peut se créer une personnalité de toutes pièces! Avec la démocratisation de l’informatique, au début des années 2000, la technologie commence à avoir de plus en plus d’impact dans nos vies.

«Je tapais mes devoirs à l’ordinateur. Je peux à peine imaginer comment les gens s’en sortaient avant que ces objets existent. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je créerais des outils qui justement aideraient les gens à faire leurs devoirs.» – Marie-Philipe

Décisions, décisions, décisions

Malgré un intérêt marqué pour les arts créatifs et le graphisme, Marie-Philipe suit les conseils de son père concernant ses études supérieures. Il l’a met en garde contre l’instabilité financière de cette carrière et l’a persuade de prendre un chemin plus sécuritaire. Nous sommes en 2009 et travailler en technologie ressemble à quelque chose d’incertain pour beaucoup de personnes. De concert avec son père, Marie-Philipe choisit de se lancer en marketing. Les parents ont souvent raison quand ils disent qu’ils savent ce qu’il faut faire. Marie-Philipe s’épanouit dans son programme à l’Université Concordia. Une fois le diplôme en poche, elle décroche un emploi pour la marque sportive Oakley.

En l’espace de quelques années, elle passe de stagiaire à celui de cheffe de marque. La culture chez Oakley ressemble à celle d’une startup: même si quelque chose n’est pas dans votre descriptif de tâches, les employé.es le font quand même. Il y a un fort sentiment d’appartenance et tout le monde au bureau de Montréal se connait, même s’il s’agit d’une grande marque multinationale. De plus, l’environnement de travail est très transparent, ce qui amplifie la satisfaction des employé.e.s.

L’heure du changement

Après quatre années chez Oakley à Montréal, Marie-Philipe ressent le besoin de changer. Elle veut un nouveau défi. Elle se fait offrir une opportunité qu’elle ne peut refuser: un poste dans leur bureau en Corée du Sud, en pleine dans l’effervescence du centre-ville de Séoul. Elle fait sa valise et quitte Montréal.

Que vous travailliez pour une marque occidentale ou non, la vie dans un bureau coréen est loin d’être facile. Marie-Philipe est la seule étrangère et la seule à ne pas être habituée à la culture hiérarchique d’un environnement de travail coréen, et surtout, la seule à ne pas vouloir s’y soumettre. Elle ne se sent pas à sa place. Elle veut changer les choses, soumettre de nouvelles façons de faire mais ses idées sont rabrouées. Malgré les défis de son poste, elle tient bon pendant deux ans avant de décider que c’en est assez. Elle décide alors qu’il est temps d’essayer quelque chose de différent. Ces dernières années lui avaient prouvé qu’elle était capable de dépasser sa zone de confort, reste à trouver quoi faire avec tout ça maintenant.

Le manque de valeur accordé à l’imagination en Corée donne à MP la volonté d’utiliser sa créativité encore plus qu’auparavant. Un ami lui recommande le Design Lab, une école en ligne offrant des cours sur différents aspects du design. Marie-Philipe décide alors de plonger dans l’industrie qui la fascine depuis sa jeunesse. Ce virage à 180 degrés l’amène à googler des concepts spécifiques et à chercher des didacticiels sur YouTube pour apprendre à utiliser les logiciels. Ces difficultés sont exactement ce qui l’amène à continuer. «Rétrospectivement, mes designs étaient très laids. Mais c’est ce qui m’a poussé à continuer. Je voulais être meilleure parce que je savais que je pouvais le faire, mais je ne savais pas comment», raconte-elle.

«C’était un véritable choc, dit-elle au sujet du programme de quatre semaines, c’était dur, parce que j’étais super mauvaise».

Suivre enfin sa passion

Après avoir eu un aperçu de son rêve, elle quitte son emploi à Séoul et se dirige vers son nouvel objectif: participer à un camp d’apprentissage intensif (bootcamp, en anglais) en design à Vancouver. Libérée de ses responsabilités, il est temps d’essayer quelque chose de nouveau. De toute façon, elle n’a rien à perdre!

Comme pour la plupart des étudiants, le séjour de trois mois de Marie-Philipe à l’Académie RED, au printemps 2017 est un véritable défi. Des journées de 12 heures, un raz-de-marée de nouvelles informations, des maux de tête constants, mais l’ambiance de travail et la détermination des autres étudiants sont inspirants. Tout le monde est en changement de carrière. «Nous avons mis nos vies de côté pendant 12 semaines pour apprendre quelque chose de nouveau. Nous nous sentions extraordinaires et nous savions que la vie allait continuer dans cette direction. C’était courageux et motivant. Chaque semaine, je me disais que je n’allais pas y arriver», elle se souvient. Et pourtant! Avant même de s’en rendre compte, elle retourne à Montréal, diplôme en poche, à la recherche d’un emploi dans sa nouvelle carrière.

La recherche d’emploi

Même avec plusieurs années d’expérience professionnelle à son actif et même à Montréal avec son nombre croissant de nouvelles entreprises technologiques et son faible taux de chômage, trouver un emploi est difficile. Après deux mois de recherches, Marie-Philipe obtient un poste, mais ce n’est pas en design.

«J’ai eu beaucoup d’intérêt et j’ai passé de nombreuses entrevues, mais en fin de compte, les commentaires étaient toujours les mêmes: vous manquez d’expérience. Peut-être que les gens étaient trop gentils pour dire que mes design n’étaient pas bons».

«J’ai passé plusieurs entrevues dans des agences, mais je n’étais pas faite pour ça. J’ai toujours voulu travailler auprès du client», se souvient-elle. Marie-Philipe retourne pendant trois mois dans son ancienne carrière, en marketing, et décide de travailler pour l’entreprise de vente au détail Aldo. Loin d’abandonner le design, elle continue ses projets en tant que pigiste pour se pratiquer. Les planète s’enlignent enfin et Aldo lui propose un poste de designer en expérience client. Ce n’est pas exactement là où elle veut être, mais c’est un pas dans la bonne direction.

Changement de carrière après la fin de la vie professionnelle

Finalement, plus d’un an après l’obtention de son diplôme, Marie-Philipe décroche enfin son premier emploi à titre de designer IU/UX pour Air Canada. De là, elle passe au poste qu’elle occupe actuellement à la Banque Nationale du Canada.

La lutte n’est toujours pas terminée. Rien n’est facile quand on décide de changer de carrière. L’apprentissage intensif n’est pas une solution miracle. Le vrai travail vient après quand vous êtes sur la ligne de front, face au syndrome de l’imposteur et à la critique. Le changement de carrière a-t-il été positif? Oui, répond-elle avec certitude. «Je ne cesse de grandir. L’industrie est toujours en évolution, alors j’évolue avec elle. Nous ouvrons la voie. Maintenant, je suis au même niveau qu’avant en marketing, mais j’en sais plus. J’en sais plus sur ce qu’il y a à l’extérieur; non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan personnel. Maintenant, je comprends que la créativité ne s’exprime pas seulement à travers le design. Il s’agit des différents aspects que vous, en tant qu’individu, apportez à la table.»

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