`
Attention! Vous lisez actuellement un article écrit il y a au moins 9 mois. L'information pourrait ne plus être pertinente.

Intelligence numérique et sous représentation des femmes: le paradoxe de l’innovation

Au Québec, la main d’oeuvre académique manque particulièrement de femmes. Existe-il des solutions pour pallier à cette problématique? Rencontre avec Mariloue Daudier, la nouvelle conseillère à l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) chez IVADO, qui se bat pour que les mentalités évoluent.

Depuis quelques années, les centres de recherches du Canada exigent davantage de diversité et d’inclusion au sein des établissements universitaires. À l’université, les femmes ne forment que 20,6% , selon l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, du corps professoral en mathématiques, en informatique et en sciences de l’information. En dehors du domaine d’étude, Mariloue m’explique qu’il existe beaucoup de barrières au niveau du recrutement et de la valorisation des dossiers de candidature: «Quand on monte dans les échelons de l’enseignement, seulement 10 à 12% des professeur.es titulaires sont des femmes.». Mariloue travaille donc à insérer de la diversité dans un domaine où il n’y en a pas forcément: «Si on ne possède pas une diversité d’actrices et d’acteurs, on n’a pas des produits et services qui répondent aux besoins de chacune et de chacun, et plus largement de la société.».

Né en 2016 d’une initiative de Campus Montréal (regroupant l’Université de Montréal, HEC Montréal et Polytechnique Montréal), IVADO regroupe des professionnel.le.s de l’industrie et des chercheurs.ses académiques, afin de développer une expertise de pointe dans les domaines de la science des données, de l’optimisation et de l’intelligence artificielle. Avec plus de 1400 scientifiques affilié.es, IVADO met en relation des expertises universitaires avec des besoins d’entreprises.

Déconstruire les idées reçues

Lorsque je lui demande de m’expliquer son rôle de conseillère à l’équité, la diversité et l’inclusion, Mariloue aime dire qu’elle représente l’engagement des universités pour une meilleure EDI de notre société.

«Dans tout ce que je fais, et même la façon dont je le fais, je cherche toujours à déconstruire l’idée que l’équité c’est juste de faire en sorte que ce soit égalitaire pour tout le monde. Il s’agit en fait de prendre en considération qu’il y a différentes barrières pour différentes personnes».

À travers des actions de sensibilisation, de formation, et de co-construction, la mission de Mariloue est d’alimenter les réflexions autour du concept d’EDI, afin que l’ensemble de l’écosystème entourant l’intelligence numérique soit considéré, inspiré et respecté.

EDI en intelligence numérique: comment agir concrètement?

En tant que chef de file d’un domaine en pleine évolution, IVADO a créé un cadre de référence afin de cerner les différents enjeux en matière d’équité, de diversité et d’inclusion au sein de l’écosystème de l’industrie numérique.

          1. Attraction et rétention d’une main-d’oeuvre diversifiée

Que ce soit au niveau du corps étudiant ou professoral, cet axe rassemble des actions spécifiques pour assurer une meilleure mise en valeur des talents, notamment féminins, en intelligence numérique.

Du 29 au 31 mai par exemple a eu lieu le Salon International de la Femme Noire qui vise à valoriser des modèles de femmes noires avec ses plus de 1000 intervenantes. À travers une plateforme virtuelle, Mariloue a eu le plaisir de mettre de l’avant une étudiante noire, candidate au Doctorat en informatique, ainsi qu’un étudiant Sénégalais, analyste de données.

IVADO soutient également financièrement l’embauche d’une personne à la coordination du projet dont le rôle est de convaincre les professeur.e s de physique et de mathématiques des Cégep et du secondaire, d’adopter des stratégies pédagogiques qui ont été démontrées comme façonnant positivement l’identité scientifique chez les femmes, ce qui favoriserait leur intérêt de faire carrière dans ces domaines-là.

IVADO a également profité de la crise pour soutenir des projets d’intelligence numérique qui luttent contre la pandémie, dont certains pilotés par des femmes! Parmi les projets sélectionnés, celui de Julie Hussin, professeure de l’Université de Montréal, vise à faire une analyse génomique du virus en temps réel, grâce à la modélisation moléculaire, se concentrant en priorité sur les variantes constatées au Québec. Cette étude permettra d’en savoir plus sur l’impact démographique de la maladie ou encore sur l’efficacité de certains traitements.

      2. Transformation des pratiques institutionnelles

Ce deuxième axe vise à comprendre et éliminer les obstacles structurels et institutionnels à l’inclusion des groupes à travers les études et la carrière.

En collaboration avec une étudiante et une chercheuse d’IVADO, Mariloue développe actuellement un questionnaire qui sera partagé aux membres académiques (professeur.e.s et étudiant.e.s) afin de comprendre l’écosystème d’intelligence numérique, et ainsi mieux répondre aux défis de l’EDI. Ont-il assisté ou vécu des expériences discriminatoires? Est-ce que la diversité est une notion importante pour les répondant.e.s? À terme, Mariloue souhaiterait créer des activités de concertation avec les femmes de l’écosystème sur les enjeux exprimés dans ce questionnaire.

       3. Production de savoir et innovation

Les actions entourant ce dernier axe visent à renforcer la qualité, les retombées et la pertinence sociale de la formation et des travaux de recherche en science des données par la prise en compte des enjeux de diversité et de biais dans la production du savoir.

L’an dernier, IVADO a créé une École d’été internationale sur les biais et discrimination en IA soulevant plusieurs questions autour de l’impact des données. Saviez-vous qu’il existe des biais algorithmique qui limitent les possibilités d’avancement des femmes?

Autre type d’initiative mise en place: un feuillet sur les biais inconscients et le processus de recrutement qui invite à offrir plus de chances aux femmes, en s’assurant d’avoir des comités de sélection ainsi que des espaces de diffusion d’offres d’emploi diversifiés et d’être conscient.e.s de ses biais.

Plusieurs webinaires inclusifs et informatifs sont régulièrement donnés afin de renforcer le partage de savoirs et de rendre visible certaines discriminations et solutions. Dans le cadre de la COVID-19, Mariloue a animé il y a quelques semaines une session sur des solutions inclusives en intelligence numérique.

Lorsque je demande à Mariloue comment elle entrevoit l’avenir quant à la représentation des femmes et des autres minorités dans ce domaine, elle me répond qu’il s’agit d’un travail de longue haleine. Elle explique: «Malheureusement beaucoup de personnes prennent en considération l’EDI seulement à la fin d’un projet, quand ils ont déjà leur innovation en main. L’EDI est vraiment quelque chose de transversal pour amener de meilleures solutions, et qui doit être inclus dès le début du projet, dès la formation du comité de pilotage.».

Considérer les femmes – au même titre que les autres minorités, pas seulement comme de simples usagères mais comme des collaboratrices créatrices de valeur et de solutions viables et durables. Voilà ce que j’aurais retenu de cette belle discussion avec Mariloue.

1 Comment
  • Marie Brisebois

    17 septembre 2021 at 17 h 17 min Répondre

    Malheureusement, j’ai écris un grand texte sur mon expérience de travail en informatique, et lorsque j’ai enregistré mes infos et appuyer sur SOUMETTRE, votre système a planté !!!!

Poster un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.