Entreprises technos: comment intégrer les personnes plus âgées au travail
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Des employé.e.s plus jeunes qui sont né.e.s avec la technologie et des employé.e.s plus âgé.e.s qui l’ont vue apparaître, un casse-tête pour les employeurs?
«Un sondage, au Canada, indique que 8 Canadiens sur 10 estiment que les aînés sont moins importants et ignorés par la génération plus jeune.» C’est notamment avec cette statistique choc que Chloé Freslon, chroniqueuse et fondatrice d’URelles, inaugurait ce mercredi 5 février le panel « L’innovation à tout âge » dans les locaux de l’entreprise québécoise de technologie GSoft. Le but de cet événement co-organisé par URelles et GSoft? Mettre à bas le mythe qui associe jeunesse et innovation. En guise d’introduction, Chloé Freslon en profite pour rappeler quelques chiffres sur la question: l’âge moyen d’un fondateur de start up à succès est par exemple de 45 ans, loin de l’image d’un bain de jouvence que renvoie le milieu des technologies.
Pour s’attaquer à ce sujet délicat, trois panélistes de taille ont répondu présents: Carole Bourassa, entrepreneure et scientifique de données, Florian Pradon, responsable de l’expérience candidat chez GSoft, et Pier-Luc Turcotte, ergothérapeute et candidat au doctorat en santé communautaire au Centre de recherche sur le vieillissement de l’Université de Sherbrooke.
Rapidement et après quelques anecdotes personnelles, Pier-Luc Turcotte fait référence à la conception sociale de l’âgisme, une discrimination envers les personnes âgées sur laquelle, selon l’ergothérapeute, on ne s’attarde malheureusement pas encore assez. “Contrairement à toutes les autres formes de discriminations contre lesquelles il y a eu des mobilisations, le sexisme, le racisme, il y en a eu très peu pour lutter contre l’âgisme alors qu’on est tous touchés.” Si la vieillesse nous rapproche de la retraite, elle nous confine à un rôle social moindre. Une vision que Pier-Luc Turcotte associera d’ailleurs plus tard dans la conversation au concept d’obsolescence programmée, bien propre au monde des technologies.
Pour Florian Pradon, la technologie est aujourd’hui adoptée comme un mode de vie, ce qui met d’office à l’écart une génération qui n’a pas grandi avec le numérique. Pourtant chez GSoft, comme le rappelle son responsable de l’expérience candidat, la majorité des employés ont entre 30 et 40 ans, de quoi mettre à mal le mythe de la jeunesse extrême dans le milieu de l’innovation.
Les clichés associés aux personnes âgées dans le monde du travail ont d’ailleurs la vie dure. Parmi ceux-ci, on compte le ralentissement au travail ou le retard, des comportements qu’on trouve pourtant dans toutes les tranches d’âges, comme le rappelle Pier-Luc Turcotte. À trop se concentrer sur l’extérieur et le vieillissement physique, on en oublie selon Carole Bourassa un élément important: le dynamisme intellectuel, qui lui ne prend pas une ride.
Comment alors attirer et retenir les personnes plus âgées dans une entreprise?
Pour l’entrepreneure et scientifique, l’importance de l’expérience est à mettre de l’avant, une qualité que seules les années peuvent constituer. Si la recette miracle n’existe pas, Florian Pradon préconise tout de même le mentorat et un retour des émotions au travail dans une société qui mise encore tout sur la performance. «La communication, l’écoute, l’empathie, la transmission de savoir: ce sont des choses qui s’acquièrent avec le temps. Des gens qui démarrent des entreprises, se retrouvent à la tête d’une grande organisation à succès et qui n’ont peut-être pas cette expérience humaine peuvent bénéficier dans leur travail du conseil et de cette collaboration sur des événements précis.» Ce n’est donc pas un hasard si adaptation et intégration sont pour Carole Bourassa deux mots-clés à retenir pour tenter d’améliorer la situation. Tout comme le féminisme a permis de remettre en question le concept du boys’ club, Pier-Luc Turcotte croit que disperser les groupes de jeunes collègues qui s’entendent bien entre eux permettrait de remuer la fourmilière.
Selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, les 65 ans et plus représenteront le quart des québécois d’ici 2030. Alors qu’il sera bientôt impossible d’éviter la question avec ce vieillissement de la population, créer des ponts et faire face au problème de l’âgisme dans le milieu de l’innovation s’imposent donc plus que jamais.
Crédit photo: Mikael Theimer
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