Comment continuer à faire de la recherche en pleine crise de la COVID-19
Pour les prochaines semaines, nous publions uniquement des articles sur l’impact du coronavirus sur les femmes en technologie.
Comment nos chercheur·euses réussissent à poursuivre leurs études et à collaborer avec d’autres scientifiques dans le monde.
Laurence Dumont est détentrice d’un doctorat en neuropsychologie, chercheuse postdoctorale au Centre d’études sur le stress humain (CESH) et chargée de cours à HEC Montréal. Elle s’intéresse à la cognition et au stress au travail. Laurence et ses collègues travaillent avec des enfants et des adultes; ses recherches sont autant physiologiques que psychologiques. En temps normal, lorsque les chercheur·euses doivent effectuer des tests physiologiques, elles récoltent de la salive ou elles prennent les fonctions vitales des individus, mais en plein confinement, et parce que les études du Centre ne sont pas jugées essentielles, elles ont dû trouver un plan B et elles s’estiment très chanceuses. Elles ont, tout d’abord, rendu l’entièreté des études virtuelles en utilisant des formulaires en ligne. Parce que les entrevues sont virtuelles, il faut redoubler d’efforts et faire preuve d’une excellente communication. Ce point est d’autant plus important pour les chercheur·euses qui font des études quantitatives, comme le Centre d’études sur le stress humain.
Il a également fallu revoir le nombre de personnes disponibles. Le laboratoire avait deux stagiaires étudiantes françaises qui ont dû rentrer en catastrophe dans leur pays d’origine. Une nouvelle stagiaire au baccalauréat en neurosciences doit rejoindre le laboratoire cet été. Une partie de son travail devait être de la collecte de données physiologiques. Ce sera évidemment impossible. Le Centre a donc décidé qu’elle travaillera sur des données déjà collectées.
Tous ces changements apportent également des opportunités intéressantes.
La participation du public aux études du Centre a augmenté. Les gens y voient une façon de se rendre utiles. Laurence Dumont raconte: «Plusieurs personnes ont le temps de participer à des études ou voient encore plus la pertinence de celles-ci. On a donc vraiment un engouement de la part du grand public.»
Parce que les études se font en ligne, les chercheur·euses ne sont plus limités géographiquement et les réponses aux sondages sont très diversifiées, avec des personnes vivant à Rouyn-Noranda ou en Gaspésie; habituellement, les répondant·es vivent à Montréal. À noter un point regrettable, cependant: réaliser la collecte de données via des sondages en ligne exclut les personnes qui n’ont pas accès à Internet sur une base régulière.
Laurence relève un point intéressant au niveau de l’écoute attentive qu’on lui porte ces dernières semaines. Elle explique:
«Ça fait du bien à la communauté scientifique au complet d’être écoutée présentement. Depuis plusieurs années, on a l’impression que la confiance envers les scientifiques s’érode alors que, maintenant, il y a une reconnaissance de l’apport crucial de plusieurs disciplines scientifiques dans la crise.»
Pillar science, outil de collaboration essentiel
Si le CESH arrive à si bien continuer son travail en ligne, c’est également grâce à l’utilisation de la plateforme Pillar Science, dont le Centre est client depuis un an. Un des enjeux peu abordés de la recherche mondiale est la capacité d’échanger de l’information et de s’organiser de manière efficace. En ce moment, c’est d’autant plus nécessaire, car plusieurs pays travaillent très fort à trouver un vaccin contre la COVID-19. Ça tombe bien, il existe une startup québécoise qui a bien compris les enjeux de la coordination dans le domaine de la recherche: Pillar Science.
Karim Bouayad-Gervais, président et cofondateur de la compagnie, raconte: «Aujourd’hui, les chercheur·euses utilisent principalement des logiciels pensés pour des besoins de bureautique et cela fait en sorte que les travaux de recherche demeurent en silo plutôt que d’être mis à profit rapidement pour l’ensemble de la communauté scientifique. L’objectif est de permettre aux laboratoires qui travaillent sur la COVID-19, où à n’importe quel laboratoire qui doit maintenant faire de la « télérecherche », d’avoir accès à une plateforme qui leur permettra aujourd’hui d’accélérer leurs recherches afin de découvrir plus rapidement les innovations de demain.»
En effet, la plateforme permet de partager les données les plus récentes, de mettre en commun les expertises dans l’analyse des données et de partager les protocoles de recherche pour faciliter le développement de méthodes innovantes. Le vaccin contre la COVID-19 pourrait être trouvé grâce à l’ingéniosité d’une startup québécoise!
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