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Aminka Belvitt: portrait d’une femme engagée pour les femmes

Je commencerais cet article en vous annonçant une bonne nouvelle; non la cause des femmes n’est pas perdue! Vous savez pourquoi? Parce que partout dans le monde et ici au Québec, certaines femmes ont fait le choix de dédier leur vie à l’émancipation des femmes. C’est le cas d’Aminka Belvitt.

Née en Jamaïque et ayant grandi au Canada, dans la région de l’Ontario, Aminka a toujours été une enfant curieuse, active et qui s’impliquait dans toutes sortes de clubs à l’école. Dès l’enfance, sa personnalité et ses convictions indiquaient déjà qu’elle allait dédier sa vie à l’entreprenariat et à l’émancipation des femmes. Et pour cause, elle vient tout juste d’être récompensée du prix Jeune femme entrepreneure lors de la 4ème édition de la soirée InspirationnElle 2019, organisée par la Fondation Y des Femmes de Montréal. Rencontre avec une femme de poigne!

Après avoir étudié l’administration publique et la politique à l’Université d’Ottawa puis les politiques publiques à l’Université de Concordia, Aminka s’engage auprès de la communauté noire de Montréal en soutenant plusieurs programmes, notamment pour venir en aide aux jeunes mères. C’est à ce moment-là que l’idée de fonder la Fondation ForUsGirls prend racine. Elle raconte: «Je me rendais compte qu’il y avait peu de programmes qui se concentraient sur des mesures préventives pour aider les femmes victimes de violences ou qui ont besoin d’aide avec le système judiciaire.»

La programmation et le design thinking comme levier de construction identitaire

C’est donc en janvier 2015 que la jeune entrepreneure lance la Fondation ForUsGirls, un OBNL offrant des programmes de leadership et de mentorat aux jeunes filles entre 10 et 17 ans ainsi qu’aux jeunes femmes de 18 à 24 ans. Depuis 2015, la fondation a rejoint plus de 5000 jeunes filles et femmes marginalisées au Canada, aux États-Unis et dans les Caraïbes.

C’est en travaillant pour le développement de sa fondation qu’Aminka prend réellement conscience de son intérêt pour la technologie. Elle est marquée par le caractère superpuissant de celle-ci comme levier de connexion entre les individus, de développement et d’estime de soi. Un mois après le lancement de la fondation, elle monte son propre programme de codage C For Coding destiné aux jeunes filles.

Lors des ateliers, Aminka est face à des petites filles timides et qui ont très peu confiance elles. Leur timidité est telle qu’elles préfèrent s’isoler, effrayées que quelqu’un puisse venir leur parler ou même les regarder. Puis l’atelier se termine, et Aminka voit bien un sentiment de fierté se dessiner sur leur visage; elles ont réussi à construire un site web en apprenant à programmer! « C’était vraiment inspirant. C’est là que j’ai vraiment pris conscience que la technologie était une solution pour rendre les jeunes filles indépendantes et fières d’elles-mêmes», raconte-elle fièrement.

«Plus de 90% des filles âgées de 10 à 16 ans ont déclaré préférer travailler dans des espaces réservés aux filles pour développer leurs compétences en programmation mathématique, scientifique et informatique.» – La fondation ForUsGirls

Mettre la solution entre leurs propres mains… c’est aussi ce qu’Aminka fait auprès des jeunes filles en leur enseignant l’innovation dès le plus jeune âge. Elle me raconte la fois où elle animait un atelier auprès de l’équipe féminine de soccer de Laval sur la confiance en soi. Elle leur demande de construire le prototype d’une solution qui servirait à aider les filles à améliorer leur estime de soi. Elle raconte: «L’une d’entre elles prend une règle, des cordes en plastique et fabrique ce qu’elle appelle un «bandeau d’invisibilité». À chaque fois qu’une jeune fille se réveillera et qu’elle se sentira déprimée, elle mettra ce bandeau sur sa tête et il effacera automatiquement les mauvaises pensées qu’elle a d’elle-même.». Aminka est bouche bée face à l’imagination et l’esprit ingénieux de ces jeunes filles!

Les stéréotypes de genres commencent dès l’enfance, où souvent les garçons se font offrir des jouets pour le bricolage et les filles des activités qui mettent en valeur les émotions. Bon…

Et si la technologie et l’innovation pouvaient développer la pensée conceptrice des jeunes filles et des femmes? Proposer des idées sans aucune limite et bâtir des prototypes pour leur donner vie, telle est la philosophie prônée par le design thinking!

«Nous avons été socialement conditionnées à ne pas rechercher les choses que nous voulions vraiment.» me confie Aminka. D’après une étude comportementale menée par LinkedIn en 2019, les femmes auraient tendance à être plus hésitantes dans leur démarche de recherche d’emploi. Elles postuleraient à 20% moins d’emplois que les hommes car elles considéreraient devoir répondre à 100% des critères, contre 60% pour les hommes. Donc si nous aidons les jeunes filles et les femmes à ne plus avoir de limites, elles seront alors plus en mesure de faire des choix qui s’harmonisent avec leur pensée et leur capacité. Elles sont capables de créer des solutions pour résoudre des problématiques. Ainsi, elles choisiraient des cours universitaires reflétant leurs vrais désirs au lieu de subir de l’influence externe. Car, non, l’ingénierie n’est pas un métier d’hommes!

Propulser la carrière entrepreneuriale des femmes

Le combat d’Aminka pour les femmes ne s’arrête pas là puisqu’elle est aussi la présidente fondatrice de WofmenTech Solutions, une plateforme d’apprentissage et de communication. Plus spécifiquement, la plateforme fournit des solutions pour créer des cours en ligne, des webinaires et des outils de vidéoconférence afin de pouvoir vendre leurs compétences professionnelles.

Lorsque j’ai demandé à Aminka quel conseil elle donnerait à une femme qui souhaiterait se lancer dans l’entreprenariat en technologie, elle ne s’est pas limitée à UN seul conseil:

  1. Se questionner sur le «pourquoi». «Je dirais à tout le monde de ne pas commencer quelque chose simplement pour commencer quelque chose, mais parce que l’intérêt y est. Pourquoi utiliser vos ressources si vous n’avez pas de but?» Cartographiez votre idée, utilisez le design thinking pour vraiment comprendre ce que vous voulez faire et quelle problématique vous voulez résoudre. C’est comme ça que Wofmentech Solutions a pris forme.
  2. Apprendre, comprendre, s’éduquer sur le domaine dans lequel vous souhaitez vous engager. «Je me suis longtemps imprégnée de l’écosystème des startups pour comprendre leur fonctionnement. J’ai appris sur leur modèle d’affaires, leur financement, le recrutement et la gestion d’équipes, la création d’un produit technologique. Vous devez être pleinement informées sur la technologie que vous souhaitez implanter. Lisez!»
  3. Ne pas avoir peur de proposer une idée. «Si, au sein d’une entreprise dans laquelle vous êtes employée vous avez une idée solide et vous pensez qu’elle peut résoudre une problématique, mettez-la sur la table. Allez chercher l’expertise de quelqu’un de plus technique et lancez-vous!»

Aminka, c’est une boule d’énergie. Vous savez le genre de femme qui a mille et une idées à la minute et avec qui on ne s’ennuie jamais!

Le combat d’Aminka Belvitt est la preuve que nous avons de l’influence dans l’éducation des jeunes filles et ce rôle nous devons le jouer dès maintenant! Nous devons aussi continuer à outiller les jeunes femmes pour les aider à concrétiser leurs ambitions. Let’s go girls!

Je vous laisse avec cette phrase d’Aminka à laquelle je pense depuis notre rencontre: «Tout ce que je fais est l’expression de mes pensées et de ma créativité. C’est ce qui me nourrit, me permet de continuer et surtout de garder en tête pourquoi je le fais.»

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